Tous les succès du groupe y ont été chantés en chœur et chaudement applaudis par les spectateurs de cette belle localité de Merzouga, qui étaient dans les anges. Car c’est la première fois qu’ils reçoivent chez eux Izenzaren qu’ils ont toujours chéri à travers télévision, cassettes et CD. «Je remercie les organisateurs du festival pour le choix du groupe Izenzaren. Je n’en crois pas mes yeux», témoigne un habitant de Merzouga. C’était un plaisir réciproque. «Nous sommes très contents de voir tous ces gens et de ressentir leur chaleureux accueil», souligne Abdelhadi Igout, banjoïste et leader du groupe.
Un artiste tout à fait exceptionnel. Quelqu’un de très peu communicatif avec la presse, vivant presque à la bohémienne. Mais, en l’approchant, nous découvrons un artiste dévoué, qui aime son art et produit ce qu’il ressent et, surtout, très modeste par rapport à ce qu’il a donné en compagnie de son groupe. «Ce que nous avons produit est peu par rapport à d’autres. Mais, pour nous, c’est énorme. Car l’important pour nous est de donner peu de travaux, mais qui sont de qualité. C’est là où nous trouvons notre plaisir pour faire passer nos messages pour la paix et la compréhension entre les gens. Nous voulons un Maroc uni pour aller de l’avant», renchérit Abdelhadi, dont le début du parcours de son groupe n’a pas été des plus simples, puisqu’il ne pouvait même pas enregistrer ses titres.
«Il n’y avait pas de studios d’enregistrement. Donc, on chantait seulement pour le public. Jusqu’aux années 70-71, nous avons été influencés par les chansons orientales et marocaines, puis les leaders amazighs comme Haj Belaid, Aboubaker Amachat et d’autres. Bien sûr, le groupe a été constitué de plusieurs éléments, notamment Abdelhadi et feu Abdelaziz. Après le départ de Abdelaziz, la formation fut renouvelée avec d’autres personnes. En 1975, c’était au début de notre carrière alors qu’on n’avait pas beaucoup d’expérience, nous avons écrit à l’émission “Mawahib” de Abdenbi Jirari qui a apprécié notre travail et nous a encouragés», précise Talibi Moulay Brahim, un membre du groupe, dont le point fort réside dans les poésies des chansons qui racontent, en majorité, les problèmes des citoyens et leur vécu. C’était le souci du groupe : être leur porte-parole et leur voix qui exprime leur souffrance. «Nos paroles sont l’expression de notre environnement, ce que nous voyons et ressentons. Tout ce qui nous touche, en général. En créant notre répertoire, nous avons pensé en premier lieu aux jeunes de notre génération qui étaient influencés, dans le temps, par la musique occidentale.
Il a fallu rénover notre musique amazighe pour qu’ils puissent l’accepter, en ajoutant des instruments modernes. C’est ce qui nous a poussés à évoluer avec le temps». Un répertoire qui n’a pas pris une seule ride, malgré leur absence de la scène un bon bout de temps. Le groupe a toujours gardé sa popularité et son prestige que nul ne peut contester. «Notre mission est de créer et non de gagner de l’argent. Nous sommes même arrivés à ne pas enregistrer pendant 22 ans, sans que cela nous touche. Le public était toujours avec nous et ne nous a jamais laissés tomber. Car, nous présentons un travail sérieux de tous les points de vue. Que ce soit sur le plan musical, poétique ou encore d’interprétation. Nous travaillons à notre guise et très lentement jusqu’à ce que le titre prenne forme», explique Moulay Brahim.