Un groupe mythique. Fabuleux ! Sa musique dépasse les temps et les générations. Pourtant, elle n’a pas pris une seule ride. Incontestablement, Izenzaren demeure une exception dans le champ artistique national. Fondé au début des années 1970, le groupe a vu le jour dans un contexte particulier où la musique marocaine connaissait un nouveau tournant, un nouveau sort , notamment avec la naissance des autres formations musicales telles que Lemchahb, Ousmane, Nass El Ghiwane, Jil Jilala…, mais aussi des transformations profondes au niveau social, sociétal, politique, culturel et économique.
Entre temps, un vent libre, frais et plein de créativité soufflait la scène. À l’époque, il faut le rappeler, parler l’amazighe était presque tabou. Or, les six membres du groupe ont pris le relais en faisant entendre la voix des amazighs tout en rendant un vibrant hommage à une identité millénaire, enracinée et ancrée dans le temps. C’est par le biais alors de la musique recherchée, de la poésie engagée et des rythmes inventés que Izenzaren a véhiculé ses messages et lettres de noblesse.
En effet, le texte avait une place prépondérante dans le projet artistique du groupe, sans oublier bien entendu la musique qui était une véritable révolution et rénovation en termes de rythmes, d’instruments et l’écriture musicale. C’était une musique universelle signée Izenzaren avec un style unique dans l’âme. Les chants et de poésie chantés sont puisés dans la tradition musicale et artistique amazighe ancestrale. Par ailleurs, le groupe était le témoin de son temps et le porte-parole de sa génération en parlant des sujets et des attentes de la société. On ne sort pas du lot !
En outre, il fallait alors attendre quatre ans environ après sa carrière pour que le premier né du groupe puisse voir le jour, en 1974. Un premier album où le groupe invitait ses fans et les amoureux de sa musique à découvrir ses chansons Igigil, Wazzin, Attan, Wad Itmouddoun… Dans les débuts des années 80, la musique Izenzaren avait un ton contestataire, notamment aux travers des titres comme Izillid, Ntghi, Alatif pour ne pas citer que ceux-là. Ces opus à succès constituaient une véritable évolution et révolution de la chanson et de la poésie amazighe moderne.
Au fil du temps, le groupe affirme son identité musicale sur scène, tout en s’ouvrant sur le reste du monde. Alors, en 1976, Izenzaren s’est vu jouer pour la première fois à la télévision. C’était en effet, une occasion idoine pour faire découvrir sa musique au large public marocain à la fois amazighophone et arabophone. Par la suite, le groupe s’est envolé à la ville des lumières, Paris, pour une tournée remarquable où il a joué sur la célèbre scène de l’Olympia. Une aubaine !
Depuis, les participations aux grands événements musicaux, entre autres le festival de la chanson maghrébine, en 1978, se sont multipliées.
En revanche, l’année 1975 fut un virage dans le parcours musical du groupe qui connut une scission qui donna naissance à deux formations musicales Izenzaren :Izenzaren Chamkh qui n’est que Abdelaziz Chamkh, un des fondateurs du groupe, et Izenzaren Iggut relatif au maître banjo Abdelhadi Iggut, qui fut aussi l’un des fondateurs. Ainsi, Chamkh a tiré sa révérence le 11 avril 2014 à Rabat alors que Abdelhadi mène sa vie d’artiste bohémien près de Merleft.
Le groupe compte à son actif plusieurs œuvres et titres, dont « Aggass », « Attan », « Dounit », « Ikkand », « Izillid », « Dounit », « Gigh », « Ghassad », « Anmmal », « Tasa », « RRWA », « Tillas », « Oudad », « Ntghi », « Imi hna »…
Après une longue absence de la scène, Izenzaren a marqué en 2012 son come-back en lançant un nouvel album intitulé «Akkal». Fidèle à son style engagé et sa démarche artistique, le groupe a renoué dans ce travail artistique de grande qualité esthétique et musicale avec la poésie engagée et les mélodies portant la marque et la signature d’Izenzaren.